La voleuse de ballon de Aneesa Marufu

Sortie VF le 15 septembre 2022

Présentation de l'éditeur : Stardus

Dans un monde divisé entre les Ghadaeans, la caste dominante, et les Haris oppressés,
Khadija, 16 ans, arrive en âge de se marier. Mais la jeune fille est un esprit libre qui refuse qu'on lui impose comment vivre sa vie. Alors lorsque son père lui trouve un prétendant, elle s'enfuit dans un ballon volé. Le vent la dépose sur une terre inconnue, chez un jeune homme
apprenti souffleur de verre, Jacob, qui appartient à la caste des opprimés...

Exploités depuis trop longtemps, les Haris brûlent d'une envie de vengeance, et le leader de leur groupe terroriste, les Hareefs, l'a bien compris. Bientôt, une véritable révolution menace de tout éclater : le monde de Khadija et Jacob, et par la même occasion leur amitié. A coup de magie illégale et d'invocations de puissants djinns, les rebelles gagnent du terrain. Nos deux héros vont devoir choisir quel monde ils souhaitent sauver. Et s'il s'agit du même...

L'avis de Vachara

J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans cette histoire pour plusieurs raisons.

Bien qu’il se lise assez facilement, l’intrigue peine à accrocher l’attention du lecteur dès le début du livre. Il m’a fallu attendre d’arriver à la seconde moitié du livre pour que les évènements s’accélèrent un peu.
La narration en deux points de vue aurait très bien pu marcher si le personnage de Jacob n’avait pas été aussi naïf, beaucoup trop à mon goût. L’histoire aurait gagné en intérêt avec plus de structure dans les passages écrits de son point de vue.
Khadija, quand à elle, s’en sort un peu mieux: promise à un garçon médiocre de son village qu’elle ne supporte pas, elle décide de quitter la vie qu’elle a toujours connu et ce choix la mènera vers une destinée pour le moins extraordinaire.

Nous avons donc une narration déséquilibrée entre un personnage féminin qui force le respect de part ses sacrifices et son courage et un personnage masculin passif, voire quasi « absent ».

La condition de la femme est aussi en plein coeur du livre : c’est une fantasy aux inspirations orientales, et la femme se doit d’obéïr à son père, et après son mariage, à son mari.
Cependant, l’auteure a voulu casser cette image de la femme-objet en créant des personnages de femmes imposantes telles que Khadija, notre héroïne, Anam, personnage trans qui se révèle être une grande exorciste et une valeureuse guerrière, ou encore Vera, cette mère transformée en monstre par le deuil.

La Voleuse de Ballon c’est aussi la quête initiatique d’une jeune fille qui ne connaissait rien au monde et qui se découvre une force qu’elle croyait n’exister que dans les contes qu’elle avait l’habitude de lire, enfermée chez elle : celle de refuser les limites de sa condition de femme et de faire ses propres choix.

Ce qu’on pourrait néanmoins reprocher à ces personnages serait que l’auteure a essayé de trop les développer, au dépit de l’intrigue, qui finira par en pâtir.

En plus de la condition de la femme, le livre insiste beaucoup sur la notion de race et bien que l’idée soit bonne, la façon dont l’auteure aborde cette problématique est bien trop légère et l’effet escompté s’essouffle très vite.

On comprend la rancoeur de Jacob pour les Ghadeans et la peur de Khadija pour les Haris/Hareefs mais l’idée n’est pas plus aboutie que ça et c’est bien dommage car il y aurait eu matière pour écrire des dialogues qui dénonceraient cette injustice imposé par un système de caste.

J’ai cependant beaucoup apprécié cet univers enchanté basé sur le folklore oriental avec ses créatures magiques tels que les djinns, marids, péris ou encore éfrits : ça nous change de tous ses livres avec des faes…

Une lecture qui, à défaut de m’avoir fait rêver, a su me faire voyager à travers ses paysages sablonneux et ses vols en ballon.